🏷️ Hors romans
En voilà une bonne question ! Pour les écrivains, ce billet détaillera quelques informations utiles. Pour les lecteurs, vous en apprendrez plus sur la vie des auteurs.
Il existe plusieurs réponses à cette question obscure… Quelques mois ? quelques années ? Il est tellement difficile à y répondre que je vais faire une approche peu orthodoxe, essayer du mieux possible.
Le rythme d’écriture
On va faire des maths, rien de bien méchant. Prenons un roman de 64.000 mots qui se lit entre 4 heures et 5 heures.
Voici un tableau expliquant, de manière très substantielle, le temps théorique pour écrire ce roman en fonction de votre rythme d’écriture, c’est-à-dire, le nombre de mots que l’auteur frappe sur son clavier chaque jour.
Nombre de mots frappé par jour | Temps pour écrire l’histoire |
1000 | 64 jours (2 mois) |
500 | 128 jours ‘(4 mois) |
250 | 256 jours (8 mois) |
384 | 1 an |
Deux mois pour écrire un roman ? Sérieux ?
Spoiler : NON. Bien évidement, il ne faut pas deux mois pour écrire un roman de 64.000 mots. Bien qu’il m’arrive d’écrire plus de mille mots par jour, j’ai mis environ trois ans pour écrire la première saison d’Attrape-Rêves (2 romans). Soit, si on en suit mon tableau, 256 mots frappés par jours.
Lire entre les lignes…
Derrière chaque mot, chaque paragraphe, chaque intrigue, chaque personnage… se cachent des heures de recherche. Bien entendu, ces recherches font partie intégrante du temps d’écriture.
Il m’est arrivé de ne pas écrire, mais d’être plongé dans l’écriture. Un exemple tout bête : où habitent mes perso, comment ils se rejoignent, comment ils se déplacent ? En voiture ? A pied ? en bus ?
Léo arrive au Québec dans mon histoire. Il me devait de savoir si son permis français lui serait utile à Montréal. J’ai alors fait des recherches. Louise se rend souvent chez ses amies à pied. Il me fallait savoir le nom des rues et du temps de trajet.
Un peu plus loin dans l’histoire, ils fabriquent un attrape-rêve. Ainsi, j’en ai fabriqué un, pour connaitre le temps qu’il fallait, les outils utilisés, la longueur de fil à couper… Le travail manuel fait partie de l’écriture ! (Pour les curieux, un attrape-rêve de 10 cm de diamètre comporte environ 8 mètres de fil avec un tissage serré, et m’a pris une petite semaine de création à hauteur d’une heure par soir.)
Ça, c’est de l’écriture :
Ce que je veux dire par là, c’est qu’il faut compter le temps de recherche ! Montrer aux lecteurs de quoi on parle et qu’on a étudié le sujet.
Bien entendu, si vous parlez de la guerre de 14/18, vos soldats ne s’habilleront pas en Nike. Ça vous fait rire ? Moi aussi… C’était un exemple grotesque, mais utile à cette pédagogie.
Si vous parlez de prostitution, il va falloir se renseigner au-delà des informations télévisées pour éviter de tomber dans les clichés.
Vos persos prennent l’avion ? Renseignez-vous ou convoquez vos souvenirs sur les détails des aéroports, les sièges des avions, les procédures (enregistrements des bagages, portiques de sécurité, temps d’attente…)
Toutes les recherches pour construire l’histoire font partie du temps d’écriture !
Imaginez l’historique internet d’un auteur de roman policier, ça fait froid dans le dos… brrr
Écriture et… réécriture
Youpi ! Le point final est tapé, mais le travail d’écriture n’est pas fini. Il va falloir réécrire pour peaufiner l’histoire, chassez les incohérences et faire briller chaque mot. On vérifie le fil d’Ariane, les « set up pay off », les spoils (oui, ça arrive de spoiler la fin sans faire exprès)…
La réécriture fait partie de l’écriture. Ça parait évident dit comme ça, mais en soi, ça double, triple (voir quintuple et plus encore), le temps d’écriture total.
La relecture
Il y a un livre que vous allez lire une centaine de fois : le vôtre (si vous êtes écrivain). La relecture est aussi… du temps d’écriture ! Que ce soit une relecture par vos propres yeux ou passer par des bêta-lecteurs, il faut ajouter tout ce temps au temps total.
La correction (pro)
Une correction de qualité (pas celle de tata Jacqueline qui connait les règles de Français par cœur et était première de sa promo en cours de français), se fait par un professionnel.
Ce temps de correction prend parfois quelques mois ! Il faut alors retravailler les phrases, corriger les fautes soulignées par le correcteur, faire valider le tout…
En conclusion
Même si une histoire de 64.000 mots peut être écriture en seulement deux mois, théorique, le temps de recherche, la relecture, la correction… s’ajoutent au temps total.
En d’autres mots, je dirais qu’il faut quelques années entre le premier mot de l’histoire et le livre disponible en vente (si vous n’avez raté aucune étapes que je n’ai pas toutes détaillées ici).
Souvenez-vous que Bernard Werber a réécrit plus de 180 fois son roman « Les fourmis », ça prend du temps.
Ayez conscience que chaque tome de Harry Potter a été écrit et réécrit ! C’est bien beau de dire que J.K. Rowling a été refusée par douze maisons d’édition pour enfin être éditée pour redonner le moral aux écrivains cherchant à être édités. Mais si on ne prend pas le temps qu’il faut pour son histoire, on grillera forcément des étapes.
Pour être honnête, j’ai grillé des étapes… et ça m’a forcé à battre en retraite. Aujourd’hui, je prends plus de temps, et plus vous prenez votre temps, plus votre histoire sera de qualité.